Les mines flottantes en 1914
Les mines flottantes sont des armes redoutables pour les navires. Mines de contact ou mines d'observation, elles n'ont qu'un seul but : détruire le bâtiment afin de l'empêcher de nuire.
LES ARMES DE GUERRE


Le coup audacieux du petit vapeur allemand "Königin Luise" qui bloqua l'embouchure de la Tamise avec des mines dispersées, provoqua un émoi compréhensible et attira ainsi l'attention générale sur la terrible arme navale que sont les mines et dont on ne parle jamais en temps de paix.
L'objectif de vaincre l'ennemi dans un combat naval non seulement en battant son artillerie, mais aussi en l'attaquant à un point beaucoup plus faible, sa capacité à naviguer, remonte au dernier quart du XVIIIè siècle. A cette époque, l'américain Bushnell démontrait l'effet extraordinaire que pouvaient avoir des explosions sous-marines sur la coque d'un navire. Il a également tenté de construire un sous-marin capable de placer des explosifs sous l'eau aux navires ennemis et de les faire exploser sur place, mais il n'a apparemment pas réussi à résoudre le problème de manière pratique. Vingt ans plus tard, Fulton, l'inventeur du bateau à vapeur, reprit l'idée, qui pour lui, fervent ami de la paix, semblait un excellent moyen de faire la guerre. Il était d'avis qu'aucun navire de guerre ne pouvait résister une bataille de mines, de sorte que les flottes devaient être abandonnées comme inutiles.
Napoléon Ier, à qui il apporta cette idée, s'en réjouit, mais moins par amour de la paix qu'en raison de nombreuses guerres qui, à cette époque, firent prendre à l'Empire français une conscience aigüe de la supériorité maritime de l'Angleterre. Cependant, les négociations échouèrent car le ministre français de la Marin considérait que la nouvelle façon de combattre était trop injustifiable.
Fulton se rendit donc en Angleterre, où il espérait trouver davantage de soutien. Bien qu'il ait démontré de manière convaincante la valeur de son invention en faisant exploser un brick danois avec une de ses mines, les anglais l'ont rejetée, non pas pour des raisons éthiques, mais par crainte que la mine sous-marine ne menace sérieusement leur suprématie navale si elle était davantage développée. Ils ont même offert à Fulton une grosse somme d'argent s'il ne poursuivait pas ses projets. Cela n'a apparemment pas été très utile à l'inventeur, car il a ensuite migré en Amérique. Rejeté ici aussi, il abandonna finalement son idée, peut-être parce q'il était désormais suffisamment occupé par les plans du bateau à vapeur.
Malgré le rejet, les idées de Fulton ont néanmoins trouvé un terrain fertile en Amérique. Elles grandirent et prospérèrent en silence, car lorsque la flotte anglaise tenta de bloquer les ports américains en 1813, elle trouva l'entrée bloquée partout par des mines marines. Le développement des mines a reçu un nouvel élan avec la guerre civile nord-américaine au cours de laquelle les États du Sud, contraints à la défensive en raison de leurs forces navales limitées, ont coulé pas moins de 22 navires des Etats du Nord avec des mines marines, alors que l'artillerie des États du Sud n'a pas obtenu le moindre succès contre les bateaux ennemis.
Inspirée par ce brillant résultat, L'Europe se consacra également avec un zèle particulier au développement des mines marines. Des efforts ont notammentété faits pour améliorer leur construction. Des navires de mines ont également été créés pour simplifier leur pose, des équipages spéciaux ont été formés à leur guerre et des mesures ont été prises pour éliminer les mines étrangères. En bref, il fut démontré que la nouvelle arme navale était considérée à la fois comme un moyen de combat important et comme un ennemi sérieux dont l'ignorance n'était désormais plus à démontrer. La guerre russo-japonaise a mis en valeur une fois de plus l'importance des mines navales de manière urgente, car au cours de 11 mois, pas moins de 25 navires de grande taille des deux camps ont été soit complètement détruits, soit en partie rendus incapables de combattre à cause des mines. Si l'on compare cela avec le succès obtenu par les tourelles et l'artillerie au cours de la même période, les mines ont un avantage significatif. Le naufrage du croiseur "Amphion" marque la suite du rôle majeur que jouent désormais ces engins de guerre.
Comment la mine fonctionne-t-elle ?
On ne peut pas dire grand-chose de la construction des mines. Il faut s'imaginer un énorme récipient en acier creux en forme de poire contenant plusieurs centaines de kilos d'explosifs. A l'extrémité pointée vers le bas de cette poire, qui flotte dans l'eau, est attachée une corde avec un poids à l'autre extrémité, qui maintient la mine à la bonne profondeur sous le niveau de l'eau. Plusieurs broches dépassent de l'extrémité supérieure et large de la mine qui sont disposées de telle manière qu'un navire s'approchant de la mine touchera certainement une broche. L'impact propulse immédiatement vers l'intérieur la goupille qui sert de percuteur. Le détonateur allume ensuite la charge, provoquant son explosion. Les mines ainsi installées sont appelées mines de contact. Elles sont principalement utilisées comme armes de dispersion ou d'attaque, tandis qu'à des fins défensives, ce sont les mines d'observation qui sont le plus souvent utilisées. Celles-ci sont reliées à la terre par des câbles et sont déclenchées électriquement à partir de là dès que les navires ennemis se trouvent dans leur zone.
Source : Illustrierte Chronik des Krieges, 1914
Traduit de l'allemand par Cl. He.


