Le Grand-Duc Nicolaï Nicolaïevitch
Anti-allemand féroce, Nicolaï Nicolaïvitch était également très ambitieux. Il souhaitait fermement prendre un jour la place du Tsar.
LES GÉNÉRAUX RUSSES



Le grand-duc Nicolas Nicolaevitch, né le 18 novembre 1856, fut nommé commandant en chef de toutes les forces armées russes.
Sa mère, Alexandra, était une princesse d'Oldenbourg, donc allemande, mais elle a transmis peu de sang allemand à son fils aîné, qui s'est toujours distingué par une haine féroce de son pays et de ses habitants. Son père, Nicolai, troisième fils du puissant et têtu tsar Nicolas Ier, est plus connu dans des cercles plus larges. Ce Nicolaï plus âgé fit beaucoup parler de lui à Saint-Pétersbourg à l'époque par toutes sortes de frasques de jeunesse et d'histoires d'amour, puis échoua complètement en tant que commandant en chef dans les guerres turques de 1877/78 si bien qu'il dut être mis à l'écart. Il fut plus tard reconnu coupable de relations avec des fournisseurs militaires frauduleux, démis de ses fonctions et placé sous tutelle, et finalement succomba à une maladie mentale.
Le jeune Nicolaï, son fils, accompagna à 21 ans son père dans la guerre turque en tant qu'officier d'état-major général et adjudant du général Radetzky à 21 ans. Il se distingua par son intrépidité et sa bravoure personnelles au cours des combats prolongés et sanglants du col de Shipta, à tel point qu'il reçut non seulement l'Ordre russe de Saint-Georges, mais aussi l'Ordre prussien « Pour le Mérite » des mains du vieil empereur Guillaume.
Il a ensuite servi pendant longtemps comme colonel du régiment des gardes du corps et, à ce titre, a également dirigé la formation militaire et sportive de l'actuel tsar Nicolas II. De cette époque naît l'influence étrange et dominante qu'il acquiert bientôt sur le faible héritier du trône. Le Grand Commandant Nicolai a rapidement gravi les échelons de l'échelle des grades militaires. Dès 1890, il commanda une division de cavalerie de la Garde en tant que lieutenant général, en 1895 il était déjà inspecteur général de la cavalerie, et en 1905 il devint non seulement président du Conseil de défense nationale, mais reçut également le commandement suprême de la Garde et de toutes les troupes du district militaire de Pétersbourg à la place du grand-duc pro-allemand Vladimir.
Le Grand-Duc est lié à l'armée allemande dans la mesure où l'empereur Guillaume l'a nommé chef des hussards de Magdebourg (n° 10) lors de sa visite à la cour du Tsar en août 1897. Mais même ce grand honneur n'a pas pu changer ses sentiments anti-allemands. Cela est devenu de plus en plus clair, d'autant plus que le caractère déjà sinistre du Grand-Duc a été encore aggravé par le refus du Tsar Alexandre III de lui permettre d'épouser une personne de condition inférieure à son rang. Ce n'est donc qu'à un âge très avancé (1907) que le grand-duc a épousé Anastasia de Montenegro (appelée Stana), la belle fille des montagnes noires, née en 1868, après que son mariage avec le duc de Leuchtenberg eut été dissous peu de temps auparavant. Son jeune frère Pierre épouse Militsa, la soeur de Stana.
Les deux femmes monténégrines, dont les salons devinrent bientôt le centre des mouvements panslaves, transférèrent de plus en plus à leur mari et beau-frère leur haine ardente contre tout ce qui s'appelle Autriche et contre tous ceux qui soutiennent l'Autriche, et surent amplifier de plus en plus l'ambition qui sommeillait en eux. Ce n'était un secret pour personne à Saint-Pétersbourg que le grand-duc Nicolas avait espéré monter lui-même sur le trône du tsar, et qu'il était donc tombé dans un accès de folie lorsque la naissance du tsarévitch lui avait été annoncée.
Ainsi, Nicolas devint progressivement le chef du parti dit des Grands-Ducs à la cour russe, qui voyait le panslavisme comme la panacée pour l'empire en déclin et œuvrait presque ouvertement à une confrontation militaire avec l'Empire germanique. Dans cet esprit, le Grand duc travaillait constamment sur le Tsar, par ailleurs pacifique, mais hésitant et indécis. C'est lui qui a encouragé l'intervention armée pendant la guerre des Balkans et a ainsi failli déclencher la conflagration mondiale. Ce qu’il n’avait pas réussi à faire à l’époque, il l’a maintenant réussi avec brio. De même, c’est Nicolas qui a persuadé l’empereur de réprimer violemment et dans le sang la révolution et d’imposer les sanctions les plus dures aux cercles libéraux de Russie. Il est ainsi devenu une figure largement détestée et la cible de tentatives d’assassinat, qui ont cependant déjoué leur objectif et l’ont seulement conduit à s’aligner davantage sur le parti sacerdotal orthodoxe. Le Grand-Duc recherchait habituellement à Paris la détente et la distraction, et c'est là qu'il entrait en relations confidentielles avec les hommes d'État français avides de vengeance ; c'est peut-être ici, en association avec le couronné ennemi des Allemands Édouard VII, que les premiers fils furent tissés pour l'encerclement et la vengeance de l'Allemagne. Delcassé était l'homme de cœur de Nicolas, et c'est ainsi qu'il obtint également sa nomination comme ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg.
La passion personnelle du Grand-Duc est l’étude des races, et son travail dans ce domaine est plus que de l'amateurisme. Dans l’ensemble, il s’est jusqu’à présent distingué davantage sur le plan politique que militaire. Même s'il a prouvé qu'il était un soldat courageux dans la guerre turque, il devra encore montrer s'il possède également des capacités stratégiques et les connaissances et qualités nécessaires pour diriger de grandes armées maritimes.
Source : Illustrierte Chronik des Krieges - 1914
Traduit de l'Allemand par Cl. He.


