Le Général Horatio Herbert Kitchener
Ayant d'abord servi dans l'armée française, le Général Horatio Herbert Kitchener se distingua dans diverses batailles au Soudan et en Afrique du Sud. Le gouvernement britannique sut ensuite exploiter le grand talent d'organisation de Kitchener en Inde également.
LES GÉNÉRAUX ANGLAIS


Le service de Kitchener dans l'armée française fut cependant de courte durée. Il attrapa un violent refroidissement lors d'une ascension en ballon, ce qui le força à rentrer en Angleterre. Après sa guérison, il devint lieutenant dans le Corps du génie et, à ce titre, effectua des relevés topographiques en Palestine et à Chypre, ainsi qu'en Arménie en 1879-80. En 1882, il se rendit en Égypte avec le grade de major et participa à toutes les campagnes. Il devint gouverneur de Souakin et dirigea une brigade lors de la guerre contre Mahdia. Lorsque les Britanniques tentèrent plus tard de reconquérir le Soudan, il devint commandant en chef de la force expéditionnaire, conquit Dongola en 1897 et vainquit les Derviches à Atbara le 8 avril 1898. Le 2 septembre, la grande bataille d'Omdurman suivit, au cours de laquelle les Derviches furent complètement anéantis, ce qui établit la réputation militaire mondiale de Kitchener.
Bien sûr, ce n’était pas vraiment un exploit de faucher avec des mitrailleuses des derviches à moitié nus, armés seulement de lances et d’épées. Le titre de Seigneur de Khartoum fut sa récompense, mais le monde l'a depuis surnommé le « Boucher d'Omdurman ». Kitchener servit ensuite pendant plusieurs années comme gouverneur général du Soudan, mettant en échec le major français Marchand à Fachoda, jusqu'à son envoi en Afrique du Sud comme chef d'état-major de Lord Roberts pendant la guerre des Boers. Avec son officier supérieur, il a donné une tournure plus favorable à la campagne jusqu'alors malheureuse grâce à son énergie brutale, et la défaite du brave peuple Boer est due principalement à son leadership supérieur et à sa cruauté impitoyable.
Lui, l'homme qui ne riait jamais, fut l'inventeur des « camps de concentration » destinés à détruire systématiquement une nation entière, ainsi que de l'encerclement par des barbelés et des blockhaus, souvent construits par des dirigeants aussi entreprenants que Dewet. Il fut récompensé par une promotion au rang de vicomte et une importante somme d'argent approuvée par le Parlement. Le gouvernement britannique sut ensuite exploiter le grand talent d'organisation de Kitchener en Inde également. En tant que général commandant, il éradiqua les anciennes négligences grâce à ses missions de reconnaissance rapides et inattendues, notamment en étudiant et en sécurisant les régions frontalières du nord-ouest. Il occupa ensuite des fonctions similaires en Égypte jusqu'à sa nomination au poste de ministre de la Guerre au début de la Première Guerre mondiale. Son idéal a toujours été l'instauration de la conscription universelle en Angleterre, mais malgré sa ténacité et sa volonté de fer, c'est précisément sur ce point qu'il a jusqu'à présent échoué, en raison de la réticence insurmontable du peuple anglais à servir dans l'armée.
Il est assez intelligent pour savoir que l'armée anglaise est bien trop faible en nombre pour intervenir de manière décisive dans les grandes batailles sur le continent européen. C'est pourquoi, lui qui a toujours fait ses preuves en bluffant, souhaite désormais rassembler des centaines de milliers de volontaires.
Mais la question de savoir s'il y parviendra et si ces volontaires seront capables d'acquérir les connaissances militaires nécessaires en si peu de temps est une question qui se pose à l'avenir et à laquelle il est difficile pour l'instant de répondre par l'affirmative.
Source : Illustrierte Chronik des Krieges, 1914
Traduit de l'Allemand par Cl. He
Le général anglais le plus important de notre époque est sans aucun doute Lord Horatio Herbert Kitchener.
Né le 24 juin 1850 et formé à la célèbre Académie militaire de Woolwich, il apprit les rigueurs de la guerre à vingt ans, nourrissant déjà de profondes sympathies pour la France. Il s'engagea volontairement dans l'armée de la République française pour combattre l'Allemagne. Lieutenant, il fut affecté à un bataillon de réserve sous les ordres du général Chanzy. Bien qu'il n'ait jamais participé aux combats, il connut pleinement la misère d'une armée anéantie et en retraite après la bataille du Mans. Ce qu'il vit alors dut le marquer à jamais. Point de faste guerrier, seulement la terreur, la consternation et une dissolution inouïe partout ; point de triomphes ni de victoires, mais partout les terribles conséquences de l'incompétence ; point d'armée, mais seulement un grand troupeau de gens, pataugeant dans la neige et la glace, dans une confusion désespérée – un spectacle pitoyable ! À cette époque, Kitchener, aujourd'hui célèbre dans le monde entier pour ses talents d'organisateur, apprit par la pratique, qui ne trompe jamais, ce que signifie le manque d'organisation. Seuls les imbéciles n'auraient rien appris de telles expériences, et le jeune volontaire anglais n'était certainement pas un imbécile.
C'est là qu'il apprit les conséquences néfastes de l'indiscipline et vit comment une armée est désespérément perdue dès que la stricte discipline des hommes semble se relâcher. Il apprit que même la bravoure et le patriotisme ne peuvent remplacer la discipline. Malgré cela, il devint le commandant dur et implacable que l'on redouta plus tard. Il est généralement décrit comme inflexible, strict et sévère, mais l'équité exige de prendre en compte ses tristes expériences de jeune homme pour juger sa dureté et ses nombreux traits de caractère apparemment contradictoires.


