Ce que consomment les armées allemandes
Un soldat bien nourri est un bon guerrier. L'armée allemande, comme toute autre armée, doit veiller à ce que ses troupes soient bien approvisionnées.
SUR LE FRONT


L'amour, le courage aussi, passe par l'estomac. Chaque récit de guerre le prouve, car des batailles ont souvent été perdues à cause d'une défaillance du système d'approvisionnement alimentaire. L'approvisionnement alimentaire est, au sens propre du terme, une question de vie ou de mort pour toute armée combattante. C'est pourquoi nous avons accordé une attention particulière à cette question dans notre pays, et même en temps de paix, le grand mécanisme que recouvre le terme « approvisionnement alimentaire de l'armée » a été développé dans ses moindres détails.
Les douze semaines de guerre que nos troupes ont maintenant accomplies ont démontré que ce mécanisme est à la hauteur des exigences de la guerre, l'approvisionnement alimentaire n'ayant jamais été interrompu. L'ampleur de cet exploit n'apparaît aux yeux des étrangers que lorsqu'ils considèrent ce que nos armées, qui comptent des millions de soldats, consomment semaine après semaine. Nos soldats sont censés recevoir quotidiennement 750 g de pain, 375 g de viande, 1 500 g de pommes de terre, 25 g de sel, la même quantité de café et 17 g de sucre. Sur la base de ces quantités, et sur le nombre total de soldats actuellement déployés en Allemagne, la consommation totale selon un calcul approximatif, s'élève à environ 27 millions de kg de pain, 7 millions de kg de viande, 54 millions de kg de pommes de terre, 900 000 kg de café, 900 000 kg de sel et 600 000 kg de sucre.
L'illustration ci-dessus illustre cette consommation plus clairement que ne le feraient les chiffres. Elle nous apprend que le pain que nos troupes consomment en une semaine équivaut à un veau géant presque aussi haut que la cathédrale de Cologne. La consommation de viande est illustrée par le bacon, celle de pommes de terre par la pomme de terre géante, et celle de café, de sucre et de sel par des sacs remplis, dont la taille devient particulièrement évidente lorsqu'on les compare aux petits personnages qui flânent devant eux. Ces quantités colossales sont obtenues semaine après semaine en achetant des marchandises en territoire ennemi ou chez nous.
Elles doivent être transportées sur le terrain par chemin de fer, réparties entre les différents entrepôts et livrées par colonnes de ravitaillement (véhicules motorisés) au grand convoi de bagages qui accompagne les troupes combattantes et en marche sur une certaine distance. De là, elles sont acheminées vers les lieux de combat, les boulangeries et les chariots-cuisines de campagne, et parfois même vers les havresacs des soldats. L'intendance, en collaboration avec un service spécial de l'état-major général, est chargée de veiller à ce que les quantités nécessaires parviennent correctement et à temps à leurs destinations en constante évolution. Et la tâche quotidienne de ces services est au moins aussi difficile que le commandement des troupes elles-mêmes. Par conséquent, les hommes qui assurent l'alimentation de nos soldats ont autant à partager les victoires que les armées combattantes.
Car si les vivres stagnent, le courage et la force s'évaporent rapidement.
Source : Illustrierte Chronik des Krieges, 1914
Traduit de l'allemand par Cl. He.


